La réquisition des « fadettes », qui permet de récolter les données de trafic et les données d’identité d’une personne lors qu’une enquête préliminaire, est en sursis comme vient de l’affirmer avec force le Conseil constitutionnel.
Il est vrai que le Code de procédure pénale prévoit :
Les requérants reprochaient donc à ces dispositions de permettre l’accès à des données « sensibles » sous la seule autorisation du procureur de la République. Dès lors, et en l’absence d’un contrôle préalable par une juridiction « indépendante », le système actuel était contraire au droit à la vie privée, aux droits de la défense et au droit à un recours effectif.
Saisis d’une question prioritaire de constitutionnalité, les juges de la rue Montpensier ont estimé que « les données de connexion comportent notamment les données relatives à l’identification des personnes, à leur localisation et à leurs contacts téléphoniques et numériques ainsi qu’aux services de communication au public en ligne qu’elles consultent. Compte tenu de leur nature, de leur diversité et des traitements dont elles peuvent faire l’objet, les données de connexion fournissent sur les personnes en cause ainsi que, le cas échéant, sur des tiers, des informations nombreuses et précises, particulièrement attentatoires à leur vie privée », d’autant que ces réquisitions sont autorisées dans le cadre d’enquêtes préliminaires susceptibles de porter « sur tout type d’infraction et qui n’est pas justifiée par l’urgence ni limitée dans le temps ».
En conséquence, le législateur en n’ayant assorti le recours aux réquisitions de données de connexion d’aucune autre garantie propre à assurer une conciliation équilibrée entre le droit au respect de la vie privée et la recherche des auteurs d’infractions, les articles contestés ne pouvaient qu’être déclarés inconstitutionnels.
Cette décision s’inscrit dans le bras de fer engagé entre la France et l’Union européenne à propos du partage des données de connexion. Alors que le Conseil d’État a validé, le 21 avril 2021, l’obligation faite aux opérateurs de conserver les données de connexion de la population afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée, la décision du 3 décembre 2021 constitue une véritable révolution. En effet, le législateur va devoir réformer la procédure pénale, d’ici le 21 décembre 2022, pour imposer systématiquement l’aval d’un magistrat indépendant afin de pouvoir accéder aux données de connexion.
LE PÔLE IP / IT DATA